Phytothérapie

L’ÂME DES ARBRES

Les arbres ont une âme. Il suffit de pénétrer dans une forêt ancienne pour percevoir l’atmosphère sacrée qu’elle diffuse. Pour nombre de cultures reliées à la Terre, les arbres sont des êtres saints. Ils sont appelés le « Vrai Peuple ».

Les peuples indigènes qui, en vivant en harmonie avec les cycles terrestres, ont engendré la plus grande vénération envers eux. Dans les traditions africaines , les arbres sont considérés comme des portes d’entrée spirituelles permettant aux Terriens d’avoir accès à d’autres dimensions. On dit que lorsqu’il est en transe, un guérisseur peut descendre le long du réseau des racines d’un arbre pour recevoir les informations et la sagesse du monde souterrain.

Lorsque j’étais en Afrique, j’entendis dire que l’esprit de chaque arbre a sa propre voix, et qu’il faut la préserver si le bois doit être utilisé dans un but précis, comme pour un cadre de tambour ou la coque d’un bateau. On estime que cette « voix » va permettre au tambour de colporter un son magique au monde, et protéger les gens sur le bateau des tempêtes et des vagues tumultueuses. Cependant, la voix ne pourra rester en vie que si celui qui coupe l’arbre prend le temps d’honorer et de remercier l’esprit de l’arbre.

Dans les tribus africaines, on pense que les arbres monumentaux possèdent un esprit de chef, et certains arbres sont perçus comme abritant de nombreux esprits. On estime aussi que les arbres d’une forêt peuvent tous ensemble avoir un puissant esprit collectif qu’il est possible de sentir en pénétrant dans leur territoire. Qui plus est, les arbres qui ne sont pas honorés peuvent, selon la croyance, devenir méchants, faire tomber les gens avec leurs racines ou les agripper avec leurs branches. Mais, s’ils sont honorés, ils pourront être de fidèles amis et protecteurs.

LA FORÊT VIVANTE

Non seulement les arbres, individuellement, ont une âme, mais les forêts entières peuvent avoir une âme collective. Il y a de nombreuses années, lorsque je vivais en Afrique je reçus un matin à l’aube un appel téléphonique. Il faisait encore sombre au-dehors. C’était Hawa Elle me dit : « Dépêche-toi, viens me prendre. Nous allons chercher des herbes pour fabriquer un remède. »

Ma fatigue s’évanouit aussitôt ; j’étais très excitée qu’elle m’ait sollicitée. Normalement, quand j’allais avec Hawa pour accueillir des herbes, elle me demandait de rester à l’orée de la forêt et de l’attendre pendant qu’elle allait parler avec les ancêtres défunts. C’est pourquoi j’étais impatiente, cette fois, de partir avec elle. Elle m’apprit qu’un de ses patients avait la tuberculose et qu’elle désirait m’apprendre à fabriquer pour elle un remède médicinal spécial. Elle m’expliqua que nous devions approcher les plantes avec lenteur puis nous asseoir en silence à côté d’elles. Il fallait attendre que les plantes nous « parlent ». Nous sommes longuement restées assises jusqu’au moment où elle se mit à parler à la plante. Elle devait parler en peul car je ne comprenais pas ce qu’elle disait. Elle me raconta qu’elle avait expliqué le cas de son patient à la plante et lui avait demandé la permission de prendre quelques feuilles et tiges pour fabriquer la potion, et que la plante avait accepté.

Elle dit que si elle n’avait pas synchronisé avec la plante, le remède aurait été bien moins efficace. Avec son canif aiguisé, elle coupa délicatement quelques petites branches. Puis elle effleura la plante et murmura une prière de reconnaissance. Je ne sais si ce fut mon imagination, mais la plante a semblé briller davantage après l’intervention de Hawa. Nous nous sommes enfoncées dans la forêt, mais Hawa ne prit pas avec les autres plantes autant de temps qu’avec la première. Elle expliqua qu’il y avait un réseau de communication qui s’étendait à travers la forêt et que la première plante avait « annoncé » aux autres notre venue.

La communication entre arbres n’est pas rare en Afrique. Les acacias envoient une alerte aux autres arbres pour leur annoncer que des antilopes et des girafes sont en train de mâcher leurs feuilles. Au fur et à mesure que les feuilles sont arrachées, les acacias se mettent à produire un tanin qui rend les feuilles susceptibles de devenir toxiques pour les animaux dans l’espoir de les ralentir. Les arbres se mettent à émettre de l’éthylène dans l’air et on s’est rendu compte que cela prévenait les autres arbres du danger. En l’espace de cinq à dix minutes, les arbres des alentours ont également commencé à augmenter le tanin de leurs propres feuilles. Les acacias les plus proches produisent spontanément du tanin en quantités qui peuvent devenir mortelles. Mais les antilopes sont au courant et ne consomment que quelques feuilles sur chaque arbre avant de se dépêcher de se placer contre le vent.

La science raisonne tandis que, pour les locaux, les arbres communiquent entre eux.

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